Catégorie : RUBRIQUES EN VRAC

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LES RACINES DES POUPONS

En nous mariant, nous avons entrecroisé nos arbres généalogiques. Pour mon mari, les racines sont locales, comme l’attestent les recherches entreprises par quelques-uns de ses cousins. Louis Poupon, le papa, venait de Sombernon, comme son propre père, où il est né. La mère, Marie Lachot, venait de Marcellois, où elle est retournée après que le père eut « bouffé la ferme », comme on dit si joliment, avec, dit la chronique familiale, juste un veau. Mais elle a retrouvé la moitié de la maison que lui avaient léguée ses parents quand ils ont « fait leurs affaires » : c’est celle que nous habitons aujourd’hui. C’est aussi celle de l’arrière-grand-père de René, Jacques Courtois, époux d’Etiennette Roux, charpentier de son état. Le cadastre napoléonien de 1836 atteste la présence de cette maison.

Marie-Louise Pichenot, la maman de mon mari, était native de Marcellois. Louis et Marie-Louise se sont mariés en 1935. Suzanne, leur fille, est née le 13 janvier 1947, suivie ensuite de René le 26 février 1950. Les temps étaient durs, Louis dut partir à la guerre et ne revint pas tout de suite comme il l’avait espéré.

A côté, l’autre demi-maison, que René a rachetée lors de la succession de la Florence, était la part dévolue au partage à une soeur de Marie Lachot. Florence et son mari n’eurent pas d’enfant. Mais comme beaucoup à Marcellois, ils accueillirent des enfants d’Assistance. En campagne, beaucoup ne furent pas spécialement heureux, considérés comme une main d’oeuvre bon marché dans le monde paysan (et tous étaient paysans ou presque, à l’époque …). Mais l’un d’entre eux, arrivé petit enfant, devint le petit de Florence et de son mari.

LES RACINES DE MARIE

De mon côté, l’Histoire est un peu plus mouvementée. Mon grand-père paternel, Fernand Etienney, venait des Vosges Saônoises. Il a rencontré ma grand-mère, Marie-Joséphine Andrée, à Port-sur-Saône, où ses parents Xavier et Billamboz, tenaient l’épicerie. Auparavant, ils habitaient dans le Doubs, à Chantrans et Montmahoux, où est née ma grand-mère. Si vous connaissez un Billamboz : ne cherchez pas : il vient de là-bas. C’est un cousin et je l’accueille bien volontiers !

Mon père, Camille, né en 1932, était l’aîné de sept enfants. Son père est mort en 1952, le plus petit, mon parrain, marchait sur trois pommes. Mon père a eu la chance auparavant d’être choisi par le curé du village, Port-sur-Saône, et d’entrer au petit puis au grand séminaire de Pelousey. Cela lui valut une impressionnante culture classique en grec, latin, allemand, histoire, musique,… Après avoir encadré beaucoup de stages de jeunes, puis de jeunes délinquants, il est entré au Prado puis au Centre d’Observation de Chenôve.

Il fit partie de la première promotion de l’Ecole d’Educateurs de Dijon, où il rencontra celle qui devait devenir ma mère : Annick Huard.

Annick est elle-même l’aînée de dix enfants, qui sont issus de André Huard, né à Arcis-sur-Aube, dans l’Aube, et de Marie-Hélène Fuchs, née le 13 août 1916 à Sélestat, dans le Bas-Rhin. Elle est née en 1942.

Tandis que les Poupon s’accrochaient à leur arbre et à leur clocher, les Huard et Fuchs ont compté sur les migrations des hirondelles. Ou sur les pigeons … A tout dire, sur les Postes et Télégraphes, c’est-à-dire les transmissions ! Mon grand-père, Pépère, a fait son service militaire dans les communications. Il a été affecté à Sélestat. Dans le même temps, ma grand-mère, après avoir été gouvernante alsacienne chez Saint-Seine à Paris, lettrée, parlant anglais, allemand, français, lisant le grec et le latin, était revenue à la rue des Jardiniers, à Sélestat, dans la maison familiale et les jardins de ses parents, Joseph Fuchs et Louise Lacomé, dite Grand-Mère Lise, maraîchers. Elle devint demoiselle des Postes, elle adorait le vélo et lui y resta toujours un gracieux passage de jambe et de pied pour monter en selle! Inimitable ! Frondeuse, au caractère bien trempé, elle plut au jeune André. Lui-même aimait rire et était sans doute un peu timide. Son papa, Gabriel, a trouvé la mort à la bataille de Notre-Dame-de-Lorette, dans le Nord, le 6 avril 1915, sans avoir jamais connu son fils né le 12 novembre 1914. Charlotte Malarmey, elle-même orpheline sans frère ni soeur, resta veuve à 26 ans et dans la misère. A l’époque, la belle-famille lui interdit de se remarier.

C’est une belle histoire d’amour qui naquit entre André et Hélène. Après que Hélène lui eut dit : « Dites donc, André, n’auriez-vous pas quelque chose à me dire ? »… Ils se sont fiancés sous les cerisiers en fleurs. Bientôt ce fut la guerre. Hélène ne savait pas où était André. Elle a franchi les lignes pour se rendre à Arcis-sur-Aube où elle fit connaissance de sa future belle-mère Charlotte. Comme ma grand-mère Hélène était très traditionnaliste, je me suis étonnée un jour qu’elle ait rejoint alors qu’ils n’étaient pas mariés. Elle me fusilla du regard : « Nous étions fiancés ! ». Très attachée à la France et ses valeurs, (son père, Joseph, avait opté pour elle) et aussi très volontaire, elle réussit à obtenir d’un baryton, qui avait pourtant juré ses grands dieux qu’il ne rechanterait pas avant la fin de la guerre, de chanter pour elle à son mariage l’Ave Maria de Gounod.

Pour parler franc, mon arrière-grand-père Joseph a dit que si elle n’était pas partie, ils auraient tous fini au Struthof… Il faut dire qu’elle n’hésitait à accrocher des petits bouquets bleu-blanc-rouge à son guidon de bicyclette pour narguer l’occupant nazi, refusait de parler allemand, … Alors qu’à Arcis, lorsque les Allemands sont arrivés, c’est elle qu’on est allé chercher pour servir d’interprète à la Kommandantur… mais ma mère se rappelle encore que petite (elle est de 1942), les enfants dans la cour d’école ont fait la ronde autour d’elle en psalmodiant « Oh la Boche, Oh la Boche … ». Il ne faisait pas bon venir d’ailleurs …

En bref, mon grand-père, qui a travaillé dès l’âge de 12 ans dans une étude de notaire, nanti du précieux certificat d’études, a travaillé ensuite pour son oncle (qui, avec son frère Gabriel, a fondé la première entreprise de dragage de la Marne), puis comme exploitant forestier avant d’avoir une entreprise de scierie à Maranville, en Haute-Marne. La scierie a brûlé de fond en comble en deux incendies ravageurs. La famille restait démunie, avec dix enfants. Ma mère, l’aînée, n’avait pas vingt ans, la dernière marchait tout juste. Ils sont venus à Brognon : la famille Saint Seine avait toujours dit à ma grand-mère de se manifester en cas de besoin. C’est ainsi que mon grand-père fut embauché pour cuber ses forêts du comte Duparc. Il n’y resta pas longtemps puis devint le directeur des Sablières de Bourgogne, à Brognon.

Ma mère entra en Propédeutique (Philo Lettres) à l’Université de Bourgogne. Son parcours l’amena naturellement à faire son entrée à la nouvelle école d’éducateurs de Dijon. La boucle est bouclée.

NOTRE ARBRE

De nouveaux arbres se sont croisés quand nous nous sommes rencontrés.

A mi-chemin entre la culture écrite et la culture orale, entre l’instruction et le savoir, nous rejoignons ainsi mes ancêtres de Montmahoux, paysans instituteurs, paysans lettrés parents d’un fils précepteur à la Cour de Parme et d’un autre frère des Ecoles Chrétiennes de Jean-Baptiste de La Salle et deuxième fondateur de l’Ecole Saint-Joseph de Dijon (et de Semur …) : frère Pol de Léon. De son regard acéré et altier, il toise toujours les élèves qui gravissent les escaliers. Mais qui se souvient encore de lui aujourd’hui ? Vanitas vanitatis… Et au bout de sa vie, quelles sont les images qui l’ont accompagné ? Moi, j’imagine volontiers un petit garçon qui courait à perdre d’haleine dans les prairies de montagne autour de Montmahoux et se pendait à la queue des vaches (montbéliardes, bien sûr !) pour finir la journée auprès de la grande tablée familiale.

A notre table de grande famille, ce sont toutes ces histoires qui se croisent, toutes ces influences, ces accents, ces terroirs, ces savoir-faire et les nouvelles histoires qui se tissent avec vous.

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Notre maison a été construite au début du XIXème siècle par Jacques Courtois, charpentier, et Etiennette Roux, sa femme. En témoigne la plaque de cheminée Directoire de la cuisine. Jacques Courtois était l’arrière-arrière-grand-père de mon mari.

Au hasard des recompositions successorales, cette maison a connu quelques tribulations. Paul Lachot et sa femme ont « fait leurs affaires » de leur vivant et deux de filles se sont vu échoir la moitié de la maison, jusque à la moitié de la butte qui se trouvait en face, désignée dans l’acte notarié comme « inculte ». La moitié gauche, dite  » rue saint Antoine » échut à Marie Lachot, la  grand-mère de mon mari.

La Vierge, sainte patronne de la paroisse de Marcellois, veille au fronton de la maison, face à la route d’Uncey-le-Franc. A l’époque, la commune comptait de nombreux habitants, tous en activité, même s’ils étaient de simples journaliers. Mais aussi des indigents … Ce que nous appelons « les chemins » étaient en fait des rues, aujourd’hui presque désaffectées, comme les maisons.

Les maisons étaient recouvertes en laves, soit un poids de 400 à 700 kilos par mètre carré. Du coup, si elles sont restées inhabitées, sans entretien, leur simple poids fait ployer les poutres maîtresses, le toit s’écroule et c’est fini. Comme existaient de nombreuses fuites, notre maison a été recouverte en tuiles dans les années soixante.

Au milieu des années soixante-dix, frappé l’alignement, l’ancien pigeonnier a été démoli.

Il y a très longtemps que le four à pain vers la maison n’existe plus. Il en reste que je connaisse simplement trois à Marcellois.